Ce que j’ai appris en partant faire un stage à Chypre : différences culturelles, surprises et vrais moments de vie
Tu sais, parfois, tu choisis une destination pour ton stage un peu au hasard. Le soleil, la mer, l’envie de voir autre chose, de sortir du quotidien. Pour moi, ça a été Chypre. J’avais entendu parler de l’île vaguement : un coin perdu dans la Méditerranée, entre la Grèce et la Turquie, avec un peu d’anglais dedans. Mais franchement, j’en savais pas plus. Je m’étais dit que ce serait sympa. Une aventure. Une ligne de plus sur mon CV. Sauf que j’avais pas prévu que ça me retournerait un peu la tête. Pas parce que c’était dur (même si parfois ça l’est), mais parce que c’est un autre monde, et qu’il faut apprendre à lire entre les lignes.
Chypre, c’est pas juste des paysages de carte postale, c’est une île fracturée, complexe, tendre, lente, bruyante et chaleureuse. Et aujourd’hui, j’ai envie de te parler de ce que j’ai vu, vécu, ressenti. Des différences culturelles entre la France et Chypre, mais aussi des petits chocs, des moments de flottement, des trucs que j’ai compris, et ceux que j’ai pas encore digérés.
Alors si toi aussi tu penses partir faire ton stage à Chypre, voici un petit guide pas académique du tout, mais très réel. Un truc qui sent la crème solaire, la clim en panne, les cafés glacés, et les gens qui parlent trop fort dans la rue.
1. Le choc des langues (et des sons)
Premier matin à Larnaca. Je suis encore en mode “je viens de débarquer”, un peu vaseux, le regard perdu entre la mer et les palmiers, et là je cherche à acheter une carte SIM locale. J’entre dans une boutique, je demande en anglais, le vendeur me répond dans un anglais impeccable, mais quand il s’adresse à sa collègue, il parle un grec… chelou. Genre j’ai fait un peu de grec ancien au lycée (erreur), je pensais comprendre deux-trois mots. Raté. Là, c’est du grec chypriote, et c’est pas tout à fait le même délire. Accent très fort, mots qu’on comprend pas, rythmes différents. Bref, je suis perdu.
Et puis quelques jours plus tard, je vais à Nicosie. Je traverse une rue, littéralement une rue, et je suis dans un autre pays. Là, c’est plus du grec, c’est du turc. Les panneaux changent, les visages aussi un peu, l’ambiance, les odeurs. Je me retrouve à devoir réapprendre à dire bonjour. Ça fait drôle. Un peu comme si Paris était divisé entre Saint-Lazare et République, et qu’on changeait de langue en traversant un boulevard.
Et tu te rends compte qu’à Chypre, la langue est politique. Tu parles grec au sud, turc au nord, et anglais un peu partout pour arranger tout le monde. C’est un équilibre fragile, un espèce de code tacite que tout le monde respecte sans en parler. Et toi, au milieu, t’apprends à jongler. À dire “Kalimera” à la boulangère, “Merhaba” au serveur de Nicosie-Nord, et “Hi” au conducteur de bus qui fait semblant de pas comprendre quand tu lui poses une question.
2. Cette fameuse ligne verte : plus qu’un simple trait sur une carte
La première fois que tu entends parler de la “ligne verte”, tu penses à un quartier écolo, ou à un parc. Spoiler : c’est pas ça. La ligne verte, c’est une frontière armée, au milieu d’une ville. Une vraie. Avec des sacs de sable, des miradors, des grillages, des checkpoints. Je crois que je n’ai jamais eu aussi froid dans le dos qu’en passant là pour la première fois. Pas parce qu’on m’a fouillé, pas parce que c’était tendu (les militaires sont plutôt cool), mais parce que ça fait mal de voir une ville coupée en deux comme ça. Nicosie, c’est la dernière capitale divisée d’Europe. Et ça, on l’oublie.
Ce qui est fou, c’est que les gens vivent avec. Genre vraiment. Tu passes devant une rue barrée par des barbelés, et juste à côté t’as un glacier, des enfants qui jouent, une terrasse. La guerre est finie, mais elle est encore là, dans les murs. Et ça, pour un Français, c’est difficile à intégrer. Nous, on vit dans un pays unifié, centralisé, où les divisions sont politiques mais jamais visibles physiquement. À Chypre, la géographie est mémoire.
3. Le temps qui ralentit (et toi aussi)
Tu veux un vrai choc culturel ? Arrive à ton stage à 8h45 un lundi matin, prêt, motivé, français. Et regarde l’heure à laquelle ton tuteur arrive. Spoiler : pas 8h45. Pas 9h non plus. Plutôt 9h15. 9h30 parfois. Et tout le monde trouve ça normal. C’est pas qu’ils s’en foutent du travail, au contraire. C’est juste que le temps a une autre valeur ici. C’est le climat, la culture, la mer qui t’appelle, la sieste qui traîne. Le temps, à Chypre, c’est pas une pression, c’est une ressource.
Au début, j’étais frustré. J’avais envie que les choses avancent, que les réunions commencent à l’heure, que les mails soient lus dans la journée. Et puis, petit à petit, je me suis laissé glisser dans leur rythme. Je me suis mis à prendre des cafés glacés qui durent 1h, à marcher plus lentement, à comprendre que parfois “on le fait demain” veut dire “on verra”.
Et ça change tout. Ton rapport au stress, à ton corps, à la vie. Tu vis pas moins intensément. Tu vis autrement.
4. Les repas : pas juste de la nourriture, un moment sacré
La France est réputée pour sa gastronomie, je sais. Mais à Chypre, c’est une autre manière d’aimer la bouffe. Ici, on ne parle pas de menu, d’entrée/plat/dessert, de recettes sophistiquées. Non. On parle de mezzé, de plats au milieu de la table, de grillades, de légumes farcis, de halloumi (j’en rêve encore), de plats qui arrivent petit à petit, sans fin. Tu ne sais jamais combien il y en aura. Et ça, c’est génial. Parce que tu manges, mais surtout, tu partages.
Tu ne manges pas pour te remplir. Tu manges pour parler, pour rire, pour passer du temps avec les autres. Et souvent, le repas dure deux heures. Parfois trois. Et personne ne regarde sa montre. J’ai vu des familles entières, enfants, grands-parents, cousines, collègues, s’installer autour d’une table, et rester là l’après-midi. Sans tension. Sans portable. Juste là.
Et moi, petit Français habitué aux pauses dej’ de 45 minutes, j’ai appris à respirer en mangeant. Et à dire oui au dessert, même quand j’ai plus faim, parce qu’on me l’offre avec le sourire.
5. Les gens, les regards, les silences
On dit souvent que les Méditerranéens sont chaleureux. C’est vrai. Mais à Chypre, c’est une chaleur tranquille. Les gens te sourient dans la rue, sans raison. Ils te disent bonjour, ils te parlent, ils veulent savoir d’où tu viens. Pas de curiosité déplacée. Juste de l’intérêt.
Et puis, y a la politesse dans l’accueil. J’ai été invité à dîner par des collègues après deux jours. J’ai reçu des figues fraîches d’un voisin de bureau. On m’a prêté un parapluie un jour de pluie (oui, il pleut parfois à Chypre, et c’est pas agréable). C’est pas une gentillesse forcée. C’est dans leur culture. On prend soin des autres. Même de ceux qu’on connaît à peine.
Mais attention, ça veut pas dire que tout est facile. Il y a une pudeur, une discrétion, surtout dans la partie nord. Les regards sont parfois réservés, les sourires timides. Tu dois mériter la confiance. Et c’est normal. L’histoire de l’île, les tensions, tout ça rend les gens à la fois ouverts et prudents.
6. La religion : visible, mais tranquille
En France, on n’en parle pas trop. C’est laïc, c’est personnel. À Chypre, la religion est partout, mais sans être pesante. Tu entres dans un bureau, tu vois une icône accrochée au mur. Tu vas chez quelqu’un, il t’explique la fête du saint local. Tu entends la prière du muezzin dans le nord. Et personne ne s’en cache.
Mais ça reste très calme, très apaisé. Pas de prosélytisme, pas de débat. Juste une foi qui fait partie de la vie. Et toi, en tant que stagiaire, tu l’acceptes, tu la respectes. Et souvent, tu l’apprends aussi un peu. Parce que tu te rends compte que la religion, ici, c’est aussi de la culture, de la mémoire, des traditions.
Et toi, quand est-ce que tu pars ?
Voilà. C’est long, c’est un peu désordonné, mais c’est ce que j’ai vraiment ressenti là-bas. Chypre, c’est pas un pays simple à comprendre, mais c’est une terre généreuse, qui donne beaucoup à ceux qui prennent le temps de l’écouter.
Alors si tu veux partir, si t’as envie de changer d’air, de sortir de ta zone de confort sans aller à l’autre bout du monde, franchement, Chypre, c’est une très belle idée. Et si t’as besoin d’un coup de main pour l’organisation, les stages, les familles d’accueil, les papiers : on est là. Vraiment.
À bientôt. Et n’oublie pas ta crème solaire et contactes nous si tu veux partir !